« Il est urgent de mettre un terme au gel de la valeur du point d’indice, d’ouvrir des négociations salariales dans la fonction publique et d’envisager une mesure compensatoire de rattrapage des pertes subies depuis des années », réclament les leaders syndicaux Jean-Marc Canon (UGFF CGT), Bruno Collignon (FA-FP), Bernadette Groison (FSU), Christian Grolier (UIAFP-FO) etDenis Turbet-Delof (Union Syndicale Solidaires).
La question du pouvoir d’achat reste, avec l’emploi, une préoccupation majeure pour l’ensemble des salariés. Or, le choix – au demeurant contestable – de tenter de relancer l’économie par l’offre et non pas par la demande conduit à faire pression sur les salaires.
Si le secteur privé et le secteur public ont des caractéristiques communes, comme celle d’une situation plus favorable pour les diplômés que pour les non diplômés et des inégalités salariales entre les femmes et les hommes qui persistent, il existe un fait spécifique incontestable : le gel du point d’indice de la fonction publique. Depuis 2010, il n’y a plus d’évolution salariale pour plus de 5 millions de salariés. Et la revalorisation a minima des catégories C, certes indispensable, ne saurait constituer la réponse à ce problème. L’Insee et le rapport annuel de l’État ont confirmé cette diminution du salaire dans la fonction publique. Et ajoutée à cette situation, l’augmentation des prélèvements, en particulier des cotisations retraite, a produit en quinze années un recul des traitements de 2 mois par an. Sans compenser cette baisse, le développement des primes a accru les inégalités.
Cette situation salariale ne peut plus durer.
Injuste et pénalisante pour tous les agents de la fonction publique, elle est aussi préjudiciable à l’économie française. Si nous continuons ainsi, dans peu d’années les cadres de la fonction publique verront leur salaire de recrutement quasiment au niveau du smic… Et l’OCDE révèle, par exemple, que la France est un des rares pays où le salaire des enseignants a reculé de 13 % depuis 2000 alors qu’il a augmenté dans les autres pays. Par ailleurs, la réalité de la fonction publique, c’est aussi 20 % des agents au niveau du smic, dont près de 80 % travaillent dans la fonction publique territoriale, 20 % des agents qui ne sont pas titulaires et donc en situation de précarité, souvent avec des temps incomplets imposés concernant d’ailleurs davantage les femmes, et des inégalités de traitement de l’ordre de 15 à 20 % entre les femmes et les hommes.
Pour reconnaître le travail de tous les agents, leur qualification, éviter les effets de déclassement, donner un pouvoir d’achat permettant de vivre normalement, il est urgent de mettre un terme au gel de la valeur du point d’indice, d’ouvrir des négociations salariales dans la fonction publique et d’envisager une mesure compensatoire de rattrapage des pertes subies depuis des années. Maintenir le pouvoir d’achat de la valeur du point sur l’année 2014 aurait coûté moins de 150 millions d’euros, l’augmenter de 1% moins de 1,5 milliard, c’est tout à fait possible économiquement et cela le saurait d’autant plus si le gouvernement décidait de mettre en œuvre une réelle réforme fiscale. C’est aussi une nécessité pour rendre la fonction publique plus attractive.
Notre pays a besoin d’une relance nouvelle, appuyée sur les salaires et sur une fiscalité plus juste et plus redistributive, qui réponde aux besoins de la population, aux enjeux de notre siècle y compris en termes de transition écologique et qui permette le progrès social pour toutes et tous.
Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT
Bruno Collignon, président de la Fédération autonome de la fonction publique
Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU
Christian Grolier, secrétaire général de l’Union interfédérale des agents de la fonction publique FO
Denis Turbet-Delof, délégué général de l’Union Syndicale Solidaires