Paris, 28 avr 2015 – A Pôle emploi, les agents de statut public gagnent nettement moins et prennent beaucoup plus d’arrêts maladie de longue durée que leurs collègues de droit privé, selon le projet de bilan social 2014 de l’opérateur dont l’AFP a obtenu copie mardi.
Très minoritaires, les 4.999 agents de statut public de Pôle emploi sont des anciens de l’ANPE qui ont refusé de passer sous statut privé lors de la fusion avec les Assedic en 2008, malgré un fort manque-à-gagner en termes de rémunération dès le départ. Ils représentent un peu moins d’un dixième des 55.559 salariés de Pôle emploi.
Selon les données du bilan social 2014, la rémunération moyenne annuelle des agents publics est inférieure de 34% à celle des salariés privés: 23.574 euros contre 35.949 euros.
Une partie de l’écart s’explique par le fait que les premiers touchent 12 mois de salaire, alors que les seconds en touchent 14 mois et demi en comptant les primes. Mais même en un seul mois (décembre 2014), une différence d’environ 20% subsiste.
Autre écart marquant: les agents publics sont absents en moyenne 30,6 jours par an pour maladie, contre 17,1 jours pour les agents privés. Les premiers totalisent même, en proportion, cinq fois plus d’absences pour longue maladie (arrêt de plus de 240 jours).
Selon Jean-Charles Steyger, délégué syndical central SNU-FSU, cet indicateur « témoigne d’une mise à l’écart des agents publics dans les collectifs de travail » et d’une « marginalisation de leur identité, de leur statut« .
« La pression psychologique est telle que certains se mettent en arrêt« , ajoute M. Steyger, dont le syndicat avait appelé les agents publics à la grève en décembre dernier pour une « revalorisation salariale » et le « respect de leurs droits« .
Autre son de cloche du côté de la CFDT. Pour Jean-Manuel Gomes, secrétaire du Comité central d’entreprise (CCE), « les agents publics ne sont pas plus malades que les agents de droit privé« . Selon lui, l’écart s’explique par une « différence de mode de calcul« .
« Pour moi, les agents publics ne sont pas plus soumis au stress, ils font exactement le même travail que les agents privés, sont soumis aux mêmes conditions de travail, aux mêmes horaires… Leur problématique ne se situe pas là, mais sur la question des rémunérations« , estime M. Gomes.
« A travail égal, salaire égal« , plaide-t-il.
Interrogé par l’AFP, Pôle emploi n’a pas souhaité réagir avant la présentation du document le 5 mai en CCE.